Florilège cathare
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J'ai récemment mis la main sur un document d'archive, un vieux carnet de route, parcheminé et griffonné, dans lequel s'y trouvent confusément consignées nombre d'annotations de l'époque où, imbus de littérature médiévale et passionnés d'incunables, nous avions sillonné cette Occitanie captivante à la recherche du « Graal ». Ni plus ni moins.
Quelque chose nous avait interloqués. Ce quelque chose qui nous faisait penser que ce pan de l'histoire ( régulièrement boudé voire occulté par l'enseignement officiel ) se devait forcément de dissimuler un secret profond, véritable, fondamental et précieux au point de déchaîner dans notre propre pays une croisade ( paradoxalement anti-chrétienne !!! ) d'une bestialité inégalée.
Comment se fait-il donc qu'une religion aussi hégémonique et bien ancrée que le catholicisme de cette période ait pu réellement se sentir menacée par seulement quelques bonshommes pacifistes adeptes de saint-Jean l’Évangéliste, par quelques fidèles férus de dénuement et par quelques trouvères épris d'amour courtois ?
Le mystère reste entier. Les massacres malheureusement vrais. Béziers, Minerve et Bram entres autres ne peuvent pas avoir oublié …
Voici donc en vrac quelques résumés succincts de ce carnet.
Si cela peut déclencher quelques envies de promenades thématiques, ce sera déjà ça.
Sur la nature d'un éventuel « trésor »
On a souvent glosé sur la nature dudit trésor : matériel ( dépôt aurifère ou monétaire - trésor des rois, Salomon, César ou Alaric ), artistique ( vase luxueux ou simple écuelle de lépreux ayant servi à Joseph d'Arimathie à recueillir le sang christique - arche d'alliance - chandelier à 7 branches – émeraude sertie chue du front de Lucifer ) ou spirituel ( tables de pierre gravée contenant un savoir herméneutique - consolamentum, sacralisateur de mort et de vie et que sais-je encore ).
Maintes supputations ont donc été avancées mais, en l'absence de document corroborateur ou de découverte tangible, toutes les fantasmagories demeurent à ce stade autorisées et recevables. Il n'en manque d'ailleurs pas.
De notre côté, hors mis quelques inscriptions sur des rochers ( sujettes à caution ), nous n'avons pas pu recueillir le moindre élément que la tradition ne connaisse déjà.
Sur la fuite hypothétique de l'avant-bûcher
Noël 1243. Le trésor monétaire aurait été sauvé via la pente nord du pog par un parfait, Matheus et un diacre, Pierre Bonnet avant qu'ils n'empruntent tous deux le vallon supérieur du Plancat, la métairie de Lapassette, le hameau de la Jourdane puis Villeneuve d'Olmes pour le dissimuler enfin dans les bois des montagnes du Sabarthès ou les grottes fortifiées du comté de Foix. Ces spoulgas qui, pour une même région, semblent orientées vers la commune de Saint-Pierre de Mercenac ...
Nos recherches afin de reconstituer ledit parcours a seulement démontré que la foi et la conviction ne peuvent réveiller que l'athlète qui est en chacun de nous. Car le chemin est loin d'être de tout repos …
Mais, comme disent les touristes, c'est joli.
Nuit du 15 au 16 mars 1244. Là, c'est le trésor spirituel, en dernier recours, qui fut évacué par les précipices du Porteil par l'hérétique Amiel Aicard, son compagnon Hugo ( Hugues ), le parfait toulousain Laurent Peytavi ( Poitevin ) et, probablement, un autre parfait en la personne de Pierre Sabatier ( ou Alfaro ).
Nous avons donc joué … avec ravissement … les alpinistes via les gorges de la Frau, puis la forêt du Basqui et Caussou. Parvenus à ce stade, et guidés par les analyses pertinentes d'érudits locaux faisant de l'étymologie du terme « pradas » ( avec un p minuscule ) l'équivalent « d'à-travers champs », nous avons donc continué nos pérégrinations vers Bouan, la forêt de Teilles ( avec le refuge du Grail ) jusqu'au « castrum de So », maladroitement traduit par le château d'Usson alors que les textes latins déclinent usuellement ledit château par « Ucio » ou « Icio », mais jamais par « So ».
On s'est donc naturellement retrouvé au château de Montreal de Sos où la peinture rupestre d'une de ses anfractuosités serait susceptible de symboliser une scène du Graal.
Il semblerait après que les sauveteurs aient retrouvé Matheus dans la haute vallée de l'Aude. Sans certitude ...
Quoiqu'il en soit, Peytavi et Sabatier seront vus quelques années plus tard en Lombardie (Italie) vers Crémone, Pavie et Plaisance.
Une hypothèse pour la mise en sûreté dudit trésor laisse à penser qu'il aurait été emporté jusqu'en Espagne, vers le monastère San Juan de la Pena via Castejon de Sos et Sos del Rey.
Et, si ces faits semblent discutables, ils reposent tout de même sur plusieurs dépositions ( divergentes, certes ) de témoins. A ce propos, il existe encore une version décrivant une échappatoire en direction du département du Lot ( via Cahors, Saint-Géry, Bach ) où, dissimulée à l'intérieur d'une grotte, non loin du cours de Vers, existerait une bibliothèque cathare.
Un initié-écrivain relate quant à lui une immersion dans le lac souterrain de la basilique Saint-Sernin à Toulouse.
Alors que d'autres évoquent la montagne noire ( Seissac ), la Grande-Bretagne ( Berkhamsted – pic du Tor – pic sacré de Duni ), le pic de Montserrat ( Espagne ), Gênes ( Italie ) ou encore la Syrie.
Ayant omis d'emporter les passeports dans nos besaces et en manque d'endurance, nous avons donc interrompu nos investigations bien avant. Rencontrant sur notre route tant et tant de caches potentielles qu'une taupe en aurait recouvré la vue …
Mentionnons enfin une petite anecdote, mon carnet de route ayant disparu quelques temps puis étant ré-apparu ensuite comme par sortilège, j'ai constaté qu'il a été victime de l'arrachage d'une de ses pages, celle juste avant évoquant un lieu potentiel de recueil près de Castelnaudary, pas loin de la N 113. Un indice peut-être ...
Sur les souterrains à Montségur
Un souterrain aurait bel et bien existé et il aurait été constitué d'une cavité s'ouvrant encore en 1935 entre l'église de Montségur et le château, accessible par une piste aujourd'hui disparue ( situé au ¾ de la montagne en partant du bas ), son entrée étant jadis formée par un boyau de 35 à 40cm de diamètre sur un départ de 180cm de long.
A l'intérieur, il y avait une voûte d'une hauteur de 10 mètres, sans concrétion avec deux couloirs inexplorés de 2,5 et 1,5m de hauteur. Peu après, il y aurait eu une salle avec une pierre tabulaire et quelques rochers autour où, sur cette dernière, gisaient quelques objets non identifiés. Malheureusement, cette cavité demeure de nos jours introuvable, la cause résultant probablement de quelques éboulements ayant eu lieu en cette partie du pog. Cette supposition repose sur les témoignages de deux individus dignes de foi, à savoir M. Boonaert et le curé de la paroisse de l'époque, M. Durant.
A l'encontre de cette thèse, on trouve quand même le conservateur de Montségur, M. Stym-Poper qui, réfutant ce genre d'affabulation, infirme catégoriquement toute hypothèse de souterrain.
Malgré pourtant que le sous-sol du pog possède quelques grottes connues des spéléologues locaux ( Las morts – Tuteil ). Sans négliger également le fait que les cathares, ayant pour coutume de déposer leurs morts dans un « atauch » ou « tauch » ( mot désignant un cercueil en bois ), se devaient de procéder ensuite à leurs ensevelissements … Où ?
Sur le mystère «Otto Rahn»
Il est vrai que nos voisins germaniques se sont fortement intéressés de près à Montségur, certains allant même jusqu'à piller la citadelle de certaines ses pierres afin de tenter d'en reconstituer une à l'identique du côté de la Forêt Noire. Il n'est qu'à voir également le nombre de touristes allemands dans les parages l'été pour conforter cette attraction.
A cela, l'ésotériste Otto Rahn ne doit pas y être étranger, lui qui, avant la seconde guerre mondiale, a tenté, par le truchement d'étymologies douteuses, de faire correspondre cette forteresse d'avec celle de la légende de Parsifal et des romans de Wolfram von Eschenbach. Ses recherches et ses ouvrages lui vaudront quand même d'être intronisé au sein de la hiérarchie nazie avant de finir mystérieusement congelé dans un glacier.
Les prospections allemandes continueront par intermittence durant la seconde guerre mondiale à partir d'un camp de base, l'Aurochplatz, avec de nombreuses fouilles au pied du saint-Barthélémy et dans un couloir du Soularac. Leurs résultats sont toujours sujets à polémique.
Peu après mars 1944, trois officiers allemands demandèrent à Paul Philips, alors président du syndicat d'initiative de Tarascon sur Ariège, des renseignements sur le château de Rabat.
Depuis, l'envoûtement généré par ce site perdure toujours outre-Rhin.