LASTOURS, les citadelles de l'étrange
Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir, à l'écart des sentiers cathares, ces quatre châteaux médiévaux érigés altièrement sur un éperon rocheux surplombant les vallées sauvages de l'Orbiel et du Grésilhou.
Confrontés aux événements de l'épopée albigeoise, Cabaret, Tour Régine (la plus récente), Surdespine et Quertinheux choisiront quand même le camp des persécutés en abritant nombre de bonshommes et deviendront ainsi l'un des fiefs légendaires de l'hérésie cathare. Jusqu'en cette terrible année 1210 où la reddition fut effective après que le bourreau Simon de Montfort eut envoyé une cohorte de prisonniers depuis Bram, prisonniers énucléés aux nez arrachés et guidés par un rescapé cyclopéen.
Nombre d'évêques cathares continueront toutefois à séjourner en ce lieu demeuré favorable à leur croyance.
La résistance de ce site héroïque perdurera encore au-delà du 14ème siècle et, malgré les châtiments et les humiliations nombreuses, le souffle divin continuera à balayer l'humus et la roche de cette glorieuse corniche.
Une question demeure cependant en suspens … Pourquoi une telle concentration de fortifications en ce lieu désolé et austère. Pourquoi tant de risques encourus, de vies sacrifiées à l'édification de ces forteresses dont l'intérêt stratégique ne semble justifier en rien l'importance de pareilles structures.
La pluralité de ces citadelles semble avoir entre autres pour objectif de détourner l'attention du spectateur qui mire ainsi l'ensemble sans se préoccuper alors de la partie, un peu comme le nombre se doit de cacher le chiffre. Et, si l'on s'y attarde un tantinet, on remarquera vite une structure qui, en définitive, se détache tant du reste qu'elle en casse inévitablement la linéarité en lui faisant perdre ainsi une logique militaire impeccable.
Cette rupture est forcément volontaire. Et, tout comme la cotte de mailles dissimule parfois une robe de bure, la pierre d'un château se peut d'abriter un sanctuaire. Mais l’œil chthonien du Trou de la Cité a tant et tant de pupilles qu'une seule doit convertir la lumière en vision. Manifestement, malgré les nombreuses traces de carbure aux abords des multiples entrées potentielles, celle-ci n'a pas encore été identifiée.
Une légende rapporte aussi que cette fameuse cavité relierait le Cabardès à la célèbre cité de Carcassonne, à près de 13 kilomètres d'intervalle géographique.
Faut-il garder à l'esprit que la différence entre un mythe et une légende, c'est que cette dernière puise une partie de sa matière de faits réels et concrets ?