Le conte de la crypte
Les piétons de la place Saint-Sernin à Toulouse ne peuvent se douter un seul instant que, sous leurs pas et la basilique, se cache l'un des mystères que la rumeur et la légende ont fini par consacrer familièrement sous la terminologie de « l'or de Toulouse » …
Ainsi, ce vénérable vaisseau de pierre naviguerait sur les eaux ténébreuses d'un lac fantôme au fond duquel y aurait été enfoui un trésor sacrilège arraché jadis dans le sang au sanctuaire de Delphes par le peuple farouche des Volques Tectosages à l'occasion d'un pillage expéditionnaire.
Les haruspices tenant ensuite cet or blasphématoire comme responsable des pires maux et des épidémies ravageant la cité toulousaine, il fut alors décidé d'en réduire ses néfastes effets en l'engloutissant dans les tréfonds fétides d'une nappe souterraine.
Mais, même enseveli, cet or méphitique continuera cependant d'exercer son nuisible pouvoir, suscitant son lot de malheurs et de calamités. Conçue telle une balise crypto-géographique, une basilique expiatoire fut alors érigée en ce lieu afin de conjurer efficacement le mauvais sort.
L'entrée à cette mare cavernicole ayant été depuis longtemps condamnée puis dissimulée par quelques initiés discrets et résolus, les pires inepties et les balivernes les plus saugrenues ont donc ensuite été savamment propagées afin cette fois de noyer idéologiquement ledit trésor.
Les mêmes bonnes vieilles recettes à base d'amphigouris, de galimatias et de billevesées ayant été éprouvées à Gisors, Rennes-le-Château et ailleurs, il n'y avait donc aucune contre-indication à ne pas les utiliser ici de nouveau.
Bien malin ou aventureux celui donc qui trouvera une logique à cette marmelade sémantique. Qui croire ou qui suivre ?
Un certain baron de Montégut ayant un jour prétendu avoir perçu sous la nef le bruit sourd d'un torrent …
Le sous-préfet Lamothe – Langon ayant malencontreusement actionné le mécanisme d'une porte dérobée donnant sur les eaux nébuleuses d'une salle pilastrée …
Le témoignage d'un haut fonctionnaire anonyme qui serait parvenu à compulser quelques preuves photographiques dans un dossier aujourd'hui volatilisé et dont il ne reste plus que le numéro de cote, 15-4-20 …
Maurice Magre qui, dans son roman mystagogique, nous narre avec réalisme le bleu sous-sol lacustre et stagnant de l'église …
A défaut, une petite visite à cet édifice s'imposera naturellement.