Le Diable décapité
L'oeil noir de Seth n'en finit pas de scruter la morne marne lourde de l'Aude, chacun de ses reflets exacerbant un peu plus les esprits déjà échaudés par les voiles du mystère qui recouvrent jalousement le petit plateau crétacien de l'intemporelle Rhedae.
De son côté, le Prince des mouches, cent ans après la mort de l'Abbé, a de nouveau subjugué un « esprit » qu'il est facilement parvenu à convaincre de sa supériorité sur la matière vile et périssable …
Mêlant le blanc et le noir des mages sur sa tenue de scène, cryptant ses actes derrière un masque vénitien et noyant leur « clef » au fond d'un salmigondis ésotéro-intégriste, en ce jour minutieusement choisi d'une élection présidentielle, ce missionnaire « dérangé » a alors tranché la question de l'Asmodée rennais à coups de hache, instrument cérémoniel capable de créer et de détruire et démontrant pour la circonstance sa suprématie sur les signes néfastes d'une perversion originelle …
En cette fête de Saint-Georges, le Démon fut ainsi terrassé, mieux encore, décapité à l'instar de son héraut d'un jour providentiel, un certain Dimanche, le jour où la « Bête » devait mourir : « Par ce signe, tu le vaincras » est-il d'ailleurs écrit sur l'acrotère du bénitier maléfique…
Le Diable rouge en perdit la tête et ses deux bras lui en tombèrent. Quant à celle qui avait assisté à la résurrection, on lui effaça minutieusement le visage. Mais Marie de Magdala conservera toujours ses mémoires …
Cette profanation chirurgicale a été habilement travestie dans un procès folklorique près le tribunal de Carcassonne qui n'en retiendra volontiers que les incohérences spéculatives d'une « radicalisée » excentrique et hystérique qui, pourtant, quelques temps auparavant, exerçait encore dans un prestigieux cabinet d'avocats …
Ce Diable n'en finit d'ailleurs pas de cristalliser les véhémences des originaux de tous poils … Il s'agit d'ailleurs du troisième exemplaire puisque déjà, en 1995, encore un Dimanche, le primitif vilipendé avait subi quelques mutilations similaires de la part d'un « iconoclaste » qui s'était enfui après sa forfaiture en emportant plusieurs débris polychromes non sans avoir oublié de vandaliser la tombe de l'Abbé Saunière.
Une malencontreuse et regrettable coïncidence de plus ...
Décidément, on voit le Mal partout, surtout à Rennes-le-Château. Et ce ne sont pas les « plumes » des drôles d'oiseaux qui manquent pour vaillamment remuer le brouillard de la fumisterie officielle ...
REBOLLO