Pic du Gar – Ginseng ou la fière Chandelle
La voie me manque un peu pour narrer les vertus surprenantes de cette ligne d'un calcaire ravageur étrangement intitulée « Ginseng », du nom d'une plante aux propriétés singulières utilisées parfois par les mâles en manque d'appétence ou dans certaines boissons énergisantes …
Une réserve également pour cette classique souvent décrite comme une flânerie verticale que d'après certains l'on se doit de parcourir en rêvassant, une fleur au coin de la bouche, la dégaine décontractée et le chausson à la pomme d'« happy ».
Car si les points sont certes solides, les longueurs sont raides et soutenues, quelquefois déversantes avec parfois voire souvent un peu d'air entre les plaquettes pour éviter probablement leur empoussiérage. Cotations « old school » donc où il faut garder à l'esprit qu'un ancien brevet des collèges équivaut à un baccalauréat d'aujourd'hui ...
Autrement dit, la mèche de cette chandelle se mérite quand même un peu et, avec le beau-frère ( le Dom ), on a claqué plus d'allumettes que prévu sur le trajet de ce cierge qui vaut largement une messe. Et, quand on croît que cette dernière est dite, il reste encore à curer gourmandement une arête avant de pouvoir enfin poser ses pieds libérés des contraintes de la gomme sur le plancher gras et onctueux des vaches et des brebis.
Sans parler du chemin du retour qui favorise à retrouver le goût et la joie des choses simples, comme marcher sur un sol plat, sans fardeau sur le dos ou autour de la taille, cette sensation d'apesanteur si bien chantée par Calogero et que l'on peut déguster en buvant une bière, le séant lamentablement avachi sur le siège souple d'une voiture et sous les mille yeux constellaires d'une nuit sidérale et sidérante. Pour dire que l'on était un peu « à la ramasse » niveau timing …
Mais retournons à notre bougie, plus particulièrement au sanctuaire qui abrite son divin suif et auquel on accède à partir de Bézins-Garraux (31), petit village méconnu et lieu de départ pour un grand pèlerinage sur un sentier balisé où, dans la soudaineté d'un instant de grâce et à-travers quelques frondaisons «Gethsémanesques», il vous faudra alors trouver seul le chemin de la Vérité, celui qui vous mènera au fondement de cet autel de pierre où les percnoptères se mettront au-dessus puis au-dessous de vos casques à danser un ballet hiératique destiné à inscrire en lettres de zicral votre cordée sur le rocher d'un paysage sublime où rarement le pied de l'homme doit poser la main …
Rebollo-Herrero