LE VENT DU DIABLE ( les chemins du Dharma )
Celui qui rend fou, lorsque ses rafales cinglantes vous affligent les tympans et vous glacent tant et tant le sang et les chairs que même l'aigle royal risque d'y briser ses rémiges à simplement agiter ses ailes face à ces bourrasques tonitruantes. Avant de fracasser volontairement son squelette sur la paroi d'une montagne pour abréger la souffrance lancinante de ces trombes infernales que quelques intrépides survivants osent avec peine dénommer du bout de leurs lèvres frémissantes, le vent du Diable.
Pourtant, tôt dans le noir, de petits signes annonciateurs auraient du déjà alerter les radars zélés de nos cervelles de montagneux aguerris.
Comme une bruine suintante cajolant le karst étincelant d'un relief automnal ...
Comme le calme feutré d'une muraille de roche figée couvant les regards admiratifs de ses conquérants de l'inutile …
Comme le velours ourlé de quelques nuages dessinant sur le toit des dieux les signes cabalistiques d'un prophète apostat …
Comme le chant de la pierre roulant le long de la paroi rappelle à ses contemplateurs les dures loi de la gravité …
Comme l'oiseau qui plonge, toujours plus bas, marquant son territoire de ses circonvolutions éthérées …
Trop tard cependant car les cuissards déjà enfilés projetaient leurs usagers sur les chemins du Dharma, la paix extérieure que dégage ce pic de Ger leur faisant oublier un instant ce vent du Diable qui, en silence, affrétait ses atours de glace et de feu …
Certains pourront trouver les points espacés mais le génie des lieux a su placer là des plaquettes aux chakras stratégiques de telle manière qu'on se puisse toujours de les apercevoir à temps et, dans le cas contraire, c'est tout bonnement qu'il n'y en a pas ou plus … Les relais sont à solidariser, certains étant richement pourvus d'anneaux ou de maillons … Les longueurs sont forcément longues ( à l'exception de la 7ème – Relais facilement « ratable » [ piton – plaquette ] ) et le rocher excellent, agrémenté de dalles, de dièdres et de cannelures, avec un zeste d'écailles péteuses aux entournures d'un virage sommital ...
Parvenus vers le haut, la lumière tant convoitée amorcera alors en vos esprits le brasier de l'ataraxie, ce sentiment d'une plénitude accomplie où la lévitation physique en vient à se confondre d'avec l'escalade spirituelle. Le contraire peut également se produire, ce n'est point grave et les effets disparaissent rapidement le temps d'une redescente.
Jusqu'à ce que le vent du Diable vous rappelle alors que vous n'aviez pour simple fond de sac qu'un sweat shirt de piètre qualité …