Les malheurs de Pikachu - Escalade - Trésor - Poésie - Chouette d'or - Jeu de sagacité - Cathare - Occitanie - Aventure - Randonnée - Mystère - Histoire - Cinéma

De très bon matin, avec le compagnon Mikel, un carnassier de naissance impatient d'engager la viande, nous prîmes primesautiers le chemin du grand pic d'Espade vers une ligne de granit authentique où les cotations semblent être aussi fluctuantes que les évolutions ou dévolutions du Pokémon éponyme.

Il nous apparaissait donc opportun voire salutaire de tenter de lever un bout du voile sur ce mystère arithmétique afin de comprendre par nous-mêmes toutes ces controverses et de tenter d'élucider pourquoi, à un moment donné, l'intrépide et inexpressif Pikachu en serait arrivé à implorer sa maman, alors qu'il se trouvait vraisemblablement coincé dans une méchante fissure de la paroi …

Quoiqu'un peu abrupt, l'accès par la brèche de Chausenque demeure l'itinéraire le plus logique, sa redescente, alliée à une oblique droite débouchant quasiment au pied de cet austère panthéon granitique où chaque grain de rocher paraît chanter à l'unisson les louanges de la verticalité.

A notre arrivée, nous percevrons le doux son d'un perforateur tendrement affairé à la gestation d'une voie à naître ( entre la nôtre et Noir Tango ) pendant qu'une cordée s'étirait vers le premier relais d'une autre déjà majeure.

Si, effectivement, comme le fredonnait le citharède au pied du mont Parnasse, le voyage fut beau, chaque escale ( ou pause-clope, c'est selon ) se méritera à l'aune d'une escalade variée mélangeant dans son shaker du bonheur de la fissure à coincement ( doigt, pied, épaule, dos, grand fessier, occiput, et caetera ), du Dülfer, du dévers, du dièdre, du off-width ( juste pour faire savant ... ) et de la dalle ( livrée sur place avec son lot complet de pincettes et de réglettes à monter soi-même ), les passages difficiles demeurant cependant obligatoires et incontournables.

Pour en venir à un énième avis forcément subjectif, le topo originel affiche effectivement des cotations aussi sèches que le carré de jardin de monsieur Jean de Florette. Hormis L1 qui nécessite toutefois un coincement peu évident ( il serait judicieux d'ajouter 2 « ++ » à son 5c ) et L2, les autres longueurs ont vraisemblablement été sous-estimées par un cador peu conscient de sa stature.

L3, quoique ludique, réclame à la fin de ses « nervures » un prompt rétablissement sur un mouvement précaire et une fine adhérence ( 6b+ ), son décroché échappatoire se pouvant de valoir de son côté dextre un bon 6a ...

La continuité de L4 peut lui octroyer les valeureux lauriers d'un 6b+ bien tassé ( des tasses sans anse flirtant sans adultère avec le 6c ). On peut imaginer à ce stade que les larmes de Pikachu n'étaient pas feintes …

Le dièdre fissure de L5 requiert la recherche scrupuleuse d'une prise salvatrice dans les conditions déversantes d'un vrai 6a …

Et 6a+ pour L6 dont les difficultés consistent, pour l'une en un pas délicat où le délinéament trompeur d'une fissure incite fallacieusement à voter à droite et, pour l'autre, à s'engager dans une simili-cheminée rassurante alors que des plaquettes scintillantes clignent de tout leur métal sur la gauche. A l'encontre du code Rousseau, ces dernières se doivent pourtant d'avoir la priorité.

Depuis R6 et avec une 60 mètres ( obligatoire ), les rappels sont évidents et la chaîne dorée contée par C2C luminescente. Mikel devra toutefois déployer tout son talent et la longueur de ses brins pour atteindre la cordelette teintée d'un certain bleu noir tango.

Sur le retour, un incident rotulien du à un vilain caillou chausse-trappe n'empêchera pas Mikel le hardi de festoyer dans un petit estaminet des parages, la formule « poulet sans tête et bière avec col de mousse » se présentant comme une conclusion évidente à notre escapade minérale.

Enfin et pour ma part, après le crux, la crux-ralgie, petit syndrome symptomatique de l'illusion d'une jeunesse éternelle et dont les crampes intermittentes annonçaient déjà une reprise imminente.

Une nasothérapie faite d'inhalations de magnésie et une métallothérapie à base d'application de mousquetons, de plaquettes et de chevilles autoforeuses de 12 sur les parties endolories ont donc pris le dernier relais d'assaut …