MILLAU souvent MI-BAS parfois MIRO jamais
Pour une grosse « modeste » contribution pécuniaire aux prouesses technologiques de notre époque, il est devenu possible de franchir la plus grande pile et le plus haut pylône de l'univers d'un des ouvrages où les écrans brise-vent vous empêcheront toutefois de pouvoir en admirer l'amplitude et l'altitude.
Pour ce faire, il faudra consentir à redescendre sur terre par le charmant petit village semi-troglodyte de Peyre étrangement adossé à une falaise de tuf alors que l'immensité de la vallée mitoyenne offrait pourtant aux bâtisseurs d'antan l'opportunité confortable de le construire bien ailleurs…
Azimut brutal ensuite vers un restaurant asiate où le sourire est garanti au menu et le buffet à volonté, une volonté inoxydable qui nous permettra et de respecter l'adage selon lequel la Nature a horreur du vide et de s'envoyer par-dessus la cravate une rasade d'alcool de riz qui dépoussiérerait aisément l'arrière-boutique d'un antiquaire paraplégique …
Perception improvisée d'une tenue de Touareg pour une caravane lancinante sur la «route de la soif» du Larzac, chemin sans croix pour cause de sol trop dur, où seul le calcaire y possède une chance de survie et où un OGM n'aurait pour seule évolution envisageable que de muter en chanvre pour se pendre au plus vite …
A ce sujet, au hasard de vos pérégrinations, vous croiserez peut-être une des espèces les plus coriaces de notre planète, les brebis de l'ancien squatteur de la Société Civile des terres de ce plateau, heureux bénéficiaire d'un bail emphytéotique et occupant d'une maison New Age, un célèbre paysan moustachu amoureux de la Nature avec un «N» résolument gigantesque.
Dans un recoin de cet Éden de cailloux et de graminées sauvages se niche l'ancienne Commanderie Templière de la Couvertoirade, refuge transitoire pour les Croisés en partance vers la Terre Sainte, un vieux modèle de nos centres actuels d'aguerrissement et d'acclimatation en quelque sorte.
Attention toutefois, il semblerait que les flamberges, heaumes, épées et autres armes médiévales vendus en ces lieux ne soient en définitive que de vulgaires contrefaçons vouées plus à la décoration qu'au combat véritable ...
Et, encore plus profond dans le Néant, loin des barnums et des flonflons de la foule, un prodigieux cirque offre une vue splendide sur Navacelles, minuscule bourgade où vivraient encore une vingtaine de « Lous Gulars », ainsi dénommés en ce que pour s'entendre, ces locaux se devraient de parler fort pour couvrir le tumulte de la chute d'eau limitrophe.
On ne peut qu'être dubitatif face à ce village enclavé dans les tréfonds d'une entaille naturelle qui, bien que grandiose, condamne géographiquement ses habitants à une mort certaine en cas de belligérance. Visiblement, le culte d'une « Vis » prodigue et nourricière a fait fi de ces réticences …