Trouille et citrouilles
La nuit s'annonçait atroce et démoniaque.
Les masques étaient particulièrement horribles, les faux et les haches sanguinolentes s'entrechoquaient dans un tohu-bohu infernal alors que les enfants, animés d'une frénésie de glucose insatiable, paraissaient infatigables.
Le premier bâtiment fut rapidement investi par une horde de chérubins enragés se précipitant toutes poches béantes à l'assaut des confiseries vite happées par des menottes agiles et promptes.
Même si les sacs se faisaient pourtant de plus en plus lourds aux détours des immeubles visités, rien ne semblait pouvoir enrayer la collecte effrénée des bonbons de ces gamines et de ces gamins exaltés par les effluves de sucrerie dont la moindre fragrance semblait guider leurs narines aussi sûrement qu'une étoile le fait pour son berger.
C'est finalement sous les lueurs blafardes des luminaires et celles plus safranées des citrouilles bancales creusées pour l'occasion que se terminera la tournée des marmousettes et des marmousets dont certaines ou certains n'auront pas attendu le retour aux pénates pour commencer à faire crisser les papiers d'emballage.